« Il faut abandonner la logique de réparation »

01.06.2023

Au moment de l'entretien réalisé via MS-Teams, Helmut Prieschenk se trouve en déplacement professionnel pour deux semaines en Amérique du Nord - il rend visite à des clients, examine des projets logistiques sur place, visite des chantiers et apprend beaucoup sur la durabilité made in USA. Dans cet entretien, il explique comment le thème de la durabilité évolue dans la logistique, pourquoi le sujet est à la veille d'un changement de paradigme et pourquoi l'écologie, l'économie et les facteurs sociaux ne sont pas contradictoires.

« En Amérique du Nord, ce sujet est également très présent, même si c'est sous une autre forme », raconte le CEO de WITRON. « Les Américains conduisent toujours de grandes voitures, mais eux aussi, ils subissent l'augmentation du prix du carburant et les effets des actions humaines ; les consommateurs exigent une véritable action de la part des détaillants - pas seulement l'écoblanchiment - et des programmes gouvernementaux offrent de grosses sommes d'argent lorsqu'il s'agit de l'efficacité énergétique et la durabilité », dit Prieschenk. « Même là-bas, les terrains pour l'immobilier logistique se font rares. Les projets sur des friches industrielles prennent de plus en plus de l'ampleur. Les fournisseurs se sont mis au diapason, le site est intégré dans le réseau logistique, l'infrastructure de transport et l'approvisionnement en énergie sont déjà disponibles, les collaborateurs logistiques sont sur place et ne doivent plus être recrutés. « Use your Assets », c'est notre credo qui a déjà fourni de très bonnes solutions. Grâce à de nombreux projets en Europe, nous avons fait preuve qu'il est même possible d'intégrer avec succès une nouvelle technologie dans un bâtiment existant pendant que les machines sont en service. »

IE4 est important, mais il en faut davantage

Retournons aux États-Unis. Les collègues américains poursuivent cette stratégie, non seulement pour économiser de l'énergie, mais aussi pour rendre à notre terre ce qu'elle nous a donné. Prieschenk déclare : « La régénération, c'est le mot-clé au Canada et aux États-Unis. »

Qu'est-ce que cela signifie pour WITRON ? Selon elle, il faut abandonner la logique de réparation. Ne pas attendre le centre de distribution pour résoudre les problèmes, mais les résoudre là où ils se posent. L'idée : À côté des moteurs IE4, de la récupération d'énergie au CRA ou des installations photovoltaïques, il faut éviter les interventions inutiles dans les centres logistiques. « Pendant la planification déjà, nous devons définir un nouveau concept d'efficacité avec le client. D'un côté, il faut prendre en compte le centre de distribution et le nombre de palettes et de commandes client qui sont traitées chaque jour. En outre, les thèmes tels que le niveau de service pour les clients des magasins et les clients finaux ainsi que la rentabilité figurent en tête de liste. C'est obligatoire. Mais à l'avenir, il faudra mener une réflexion plus approfondie. Il est très important d'indexer les données de performance aux consommations. » C'est la raison pour laquelle les collaborateurs de WITRON analysent les données relatives aux performances et à l'énergie lors de la phase de planification, de réalisation et en service. Prieschenk est convaincu : « Il faut se poser la question s'il ne serait pas plus raisonnable de faire passer moins d'inventaire à travers la chaine logistique. La productivité, c'est le mot-clé. » C'est ce qui est très important pour les détaillants et les gérants de magasin. Le « Stock out » est crucial sur ce secteur. « À l'avenir, nous serons à même d'exploiter un centre logistique avec moins de stock et avec plus de connaissances issues des données, de construire des entrepôts encore plus efficaces, d'éviter le gaspillage alimentaire, d'économiser de l'énergie - et nous devons remettre en question les modèles commerciaux qui ne fonctionnent pas sur le plan économique, social et écologique. Au lieu d'ESG, il faut dire ESB : « Environmental, Social and Business ». C'est la seule façon de réussir - avec nos clients ». Le CEO en est sûr : « À l'avenir, dans nos communiqués de presse, nous ne parlerons pas seulement des données de performance des machines et centres de distribution, mais aussi des émission CO2 par colis ou du budget énergétique de l'installation. »

Avons-nous besoins d'intercalaires ?

Il est nécessaire de faire un effort : chez WITRON, chez le client et dans la chaîne logistique. « Nos équipes OnSite dans les centres logistiques connaissent les installations, les processus. Un exemple : Si ceux-ci s'aperçoivent qu'un fournisseur utilise des emballages inutiles, nous lui en faisons part immédiatement. Ou bien, le fournisseur met des intercalaires dans les palettes dont il n'a pas vraiment besoin. » Il faut rechercher activement des gains d'efficacité jusque dans les détails, dit-on chez WITRON. Parfois c'est pénible, mais c'est aussi très fructueux. « Il est souvent possible d'optimiser le comportement en matière de commandes des magasins ou des consommateurs finaux, la planification des tournées ou l'utilisation optimale des camions. »

Utiliser l'énergie à bon escient

Les ingénieurs de chez WITRON en sont convaincus : le centre logistique, c'est comme une voiture électrique. Le client pourrait faire fonctionner l'entrepôt en permanence au maximum de ses capacités et solliciter les machines, mais est-ce que cela est vraiment justifié dans le contexte global ? « Le moteur électrique d'une voiture a un rendement énorme - tout comme nos installations. Et nous pouvons rapidement accélérer les processus, quand il le faut et quand cela devient nécessaire. Mais tout comme il faut apprendre à conduire une voiture électrique, il faut apprendre à faire fonctionner un centre logistique de manière économique et orientée vers le consommateur, tout en le dimensionnant et en l'exploitant de manière écologique. Pour ce faire, nous avons besoin du client, des données et des fournisseurs. Et, nous devons planifier tout exactement notre chemin à poursuivre », ajoute Prieschenk. « Pour la logistique, cela signifie : où et dans quel profil les demandes apparaissent-elles, comment y réagissons-nous, que pouvons-nous prévoir ? »

Parallèlement, les exigences des chaînes logistiques augmentent. WITRON produit exclusivement en Allemagne - la nouvelle usine a été construite en profondeur pour gagner de la place et le PV sur le toit fournit 2,5 MW. « Nous devons maintenir une qualité élevée et nous devons veiller à ce que nos machines et installations soient faciles à nettoyer. Cela ne prétend pas être un « Unique Selling Point », mais c'est extrêmement important, car nos clients veulent exploiter l'installation pendant 30 à 40 ans. Ça, c'est vraiment durable ». Et ne pourrait-on pas aller plus loin avec les 2,5 MW ? « Bien sûr, mais il faut se demander si on en a besoin ? Il faut en effet produire les modules PV. Il est grand temps de considérer enfin le côté demande de l'énergie, et pas toujours l'offre seulement. »